Attaques islamistes à Ouagadougou : l’analyse de CORPGUARD

Le 15 janvier, des islamistes ont mené une série d’attaques contre un restaurant de la capitale du Burkina-Faso puis sur l’Hotel Splendid avant de se retrancher dans l’Hotel Ybi où les forces de sécurité locales, soutenues par des forces spéciales Françaises de l’opération « Barkhane », sont finalement venues à bout des assaillants dont 6 ont été tués, parmi lesquels 2 femmes ; ce qui est assez nouveau.

Un mode opératoire qui se répète… et se répétera

Le dernier bilan fait état de 29 victimes dont 3 français. L’attaque islamiste, qui est intervenue la veille d’un week-end, dans un quartier où résident et sortent traditionnellement de nombreux occidentaux en fin de semaine, visait indéniablement la communauté expatriée. Le mode opératoire d’inspiration terroriste dont les motivations sont « islamistes » n’est pas sans rappeler l’attaque islamiste du Radisson Blu à Bamako il y a quelques semaines (21 novembre 2015) qui avait fait 21 victimes.

La France cible prioritaire d’AQMI

Cette attaque islamiste perpétrée par le groupe AL MOURABITOUNE dont le chef Mokthar BELMOKTHAR a fait allégeance à AQMI a d’ailleurs été revendiquée par cette dernière. On ne peut que rappeler que la cible prioritaire d’AQMI est la France dont la base arrière de l’opération Barkhane est située au Burkina-Faso. Il ne fait donc aucun doute que les intérêts français étaient visés cette nuit.

Trop peu de mesures de limitation du risque au regard du niveau d’alerte

On peut légitimement se demander, pourquoi, malgré des signes avant-coureurs, si peu de mesures préventives ou correctives en matière de sécurité des complexes hôteliers et touristiques ne sont prises et s’étonner de ce que les ressortissants étrangers résidants dans les pays de la zone sahelo-saharienne ne semblent toujours pas avoir pris la mesure du niveau de risque extrêmement élevé qui pèse sur eux dans ces zones.

Lutte d’influence AQMI/EI et stratégie d’essoufflement

Ces attaques islamistes  sont à mettre en perspective avec la lutte d’influence que se livrent AQMI et l’EI, cette dernière ayant d’ailleurs récemment perpétré de meurtriers attentats en Libye. Nous devons aujourd’hui prendre conscience de la guérilla « globale » (Afrique de l’Ouest/Maghreb/Europe) que nous livrent les groupes islamistes dont la stratégie des « milles entailles » vise à essouffler son adversaire.

Imghimassi : Destruction, Retranchement, Affrontement

À de rares exceptions prêts, nos forces militaires ne pourront jamais fixer et détruire les combattants islamistes dans un affrontement direct ailleurs que dans des attentats impliquant de nombreuses victimes civiles.

C’est d’ailleurs ce que recherches nos ennemis islamistes. Effectivement, faire un maximum de victimes leur permet, selon la martyrologie islamiste, de devenir « Imghimassi » (litéralement :  les « immergés »).

Ces combattants les plus honorés, les plus valeureux pour les djihadistes, (au-dessus des moudjahdines et des chahids – martyrs) doivent se trouver dans un rapport de force défavorable par rapport à l’ennemi et avoir l’intention d’en entraîner le maximum avec eux dans la mort.

La tactique mise en œuvre pour y parvenir est : Destruction/Retranchement/Affrontement

Changer rapidement de posture de combat et impliquer la société civile

Cette dernière attaque ne peut que nous inciter à réviser notre posture et à mettre en œuvre des mesures de sécurité renforcées sur nos personnels et installations à l’étranger, mais aussi en France.

Les sites SEVESO, les Centres-Commerciaux, les écoles et universités, les hôpitaux, les entreprises… doivent désormais s’impliquer dans la sécurité. La France se battant sur 2 fronts (OPEX/OPINT) ne peut plus assurer seule la sécurité. Cette dernière doit être l’affaire de tous et la société civile doit s’y engager et y être engagée.

David HORNUS, Directeur © CORPGUARD